Le « Jaune » de Moldovita, le « Bleu » de Voronet, le « rouge » de Humor
En 1975, l’Unesco a reconnu l’unicité spirituelle et artistique de 5 monastères de Bucovine en les inscrivant sur la liste de son patrimoine : Sucevita, visité hier, Moldovita, Voronet et Humor, que nous voyons aujourd’hui et Probota, prévu demain.
Dès le départ, la route serpente à travers la forêt du Piemont des Carpates, et nous passons le col à 1100m pour redescendre dans la vallée de la Moldova.
Le monastère de Moldovita
L’énergique et érudite mère Tatiana nous accueille au monastère de Moldovita, construit au XVe siècle. Comme les autres, il porte le nom de la proche rivière. Le jardin est, comme toujours, magnifiquement fleuri : roses, lys, chèvrefeuille, géraniums. L’église est admirable. Le peintre des fresques est connu : Toma de Suceava a créé une école de peinture à Suceava dont sont issus la plupart des moines peintres anonymes de cette époque. Les fresques sont un mélange de théologie, d’histoire, de philosophie et de tradition. On trouve par exemple l’enfant Jésus vêtu d’une chemise brodée traditionnelle!
La caractéristique de Moldovita est la couleur jaune d’or sur les fresques extérieures. Certaines sont abîmées : incendie du toit en haut, humidité en bas, le temps fait son ouvrage ! On retrouve au sud les saints, l’arbre de Jessé avec les philosophes grecs, ainsi que l’acathiste à la mère de Dieu, le siège de Constantinople etc.
À l’intérieur, sur les murs du porche ouvert, on admire le Jugement dernier, toujours à droite, et ici à gauche, la vie de St Nicolas. Saint Pierre et saint Paul côte à côte représentent l’Église : saint Pierre en est la fondation, sur elle saint Paul l’a construite comme un pilier. Ils sont inséparables.
Dans l’église ce sont les mêmes représentations qu’à Sucevita. On admire dans le sanctuaire la Vierge Marie portant l’enfant Jésus, médiatrice entre le Christ et nous.
Le bleu Voronet et le Jugement dernier de Humor
Voronet, au bord de la forêt, présente la même organisation, simplement c’est le bleu qui y est remarquable (bleu Voronet), de même que la beauté et la finesse des visages sur l’arbre de Jessé. À l’intérieur, les stalles sculptées et colorées sont d’origine.
Humor a un porche ouvert et son Jugement dernier, sur le côté ouest, y est particulièrement édifiant. Comme le dit la sœur qui veille sur l’église : « Il vaudra mieux pour nous être du côté du Paradis »! Cette église n’a pas de tour, car c’est un simple chancelier, et non un prince, qui l’a fait construire.
Dans chacune de ces églises, nous admirons longuement son iconographie remarquable et essayons de nous en imprégner. Parfois, quand c’est possible, nous y chantons une hymne.
Le retour vers le gîte nous permet de traverser des villages où des minorités polonaises se sont installées. Partout dans la région, on exploite le bois, le foin sèche en meules, les charrettes à cheval circulent, les nids de cigognes sur les poteaux ponctuent le paysage.
